Sont retranscrites ici, telles qu’elles sont présentées dans le guide des initiatives de transition mais résumées, les différentes parties du modèle de transition.
Première partie : La prise de conscience préalable
Etre en accord avec le modèle de transition suppose d’approuver les points suivants :
– Le changement climatique et le pic pétrolier nécessitent d’agir de façon urgente.
– Vivre en consommant moins d’énergie est inévitable et il est préférable de s’y préparer plutôt que de se laisser prendre au dépourvu.
– Les sociétés industrialisées ont perdu la résilience nécessaire pour affronter les chocs énergétiques.
– Nous devons agir ensemble et nous devons le faire dès maintenant.
– Le modèle d’économie et de consommation qui accompagne la mondialisation, à savoir une croissance infinie dans un monde fini, est physiquement impossible.
– Nous avons développé des trésors d’ingéniosité et d’intelligence dans la course à l’énergie durant les 150 dernières années. Il n’y a aucune raison pour que nous ne soyons pas capable d’en faire autant, et même d’avantage, dans la descente énergétique qui nous attend après le pic.
– Si nous nous préparons suffisamment tôt, en libérant nos forces de création et de coopération, nous pourrons avoir un futur plus enrichissant, épanouissant, convivial et accueillant que ce que nous offrent nos styles de vie actuel.
Deuxième partie : Les 7 MAIS
1) MAIS nous n’avons pas d’argent.
Ce n’est pas vraiment un problème. L’argent est un piètre substitut à l’enthousiasme et à l’engagement commun. Avant d’avoir besoin de financements, il y a bien des choses à faire.
2) MAIS ils ne nous laisseront pas faire.
Les initiatives de transition ne sont pas une opposition aux élus ou aux entreprises. C’est une démarche « douce », qui ne fait ni victime ni ennemi. Jusqu’à présent, elles n’attirent pas l’ire des
institutions, au contraire.
3) MAIS il y a déjà des groupes écologistes dans cette ville, je ne veux pas marcher sur leurs platebandes.
Il ne s’agit pas d’engager une « guerre de territoire ». Au contraire, il s’agit de concevoir une action concertée et un but commun aux groupes existants. Une initiative de transition peut assurer
la liaison entre des groupes existants autour d’un plan d’action pour la descente énergétique. (Ce qui n’empêche pas que se continue le travail déjà en cours).
4) MAIS personne ne se soucie de l’environnement dans cette ville.
On peut facilement avoir cette impression dans notre culture d’apathie consummériste. Mais grattons sous la surface. Il y a des défenseurs des éléments clés d’une initiative de transition –
alimentation, déchets, histoire et cultures locales. Il s’agit d’aller à leur rencontre.
5) MAIS il est sûrement trop tard pour faire quelque chose.
Peut-être, mais il n’y a aucune certitude. Donc les efforts de chacun sont vitaux.
6) MAIS je n’ai pas les qualifications.
Si vous le le faites pas, qui le fera ? Nul besoin d’un diplôme de décroissance pour commencer une initiative de transition. L’important est de se soucier de son lieu de vie, de voir la nécessité
d’agir, d’être ouvert à de nouvelles façon de faire participer les gens. Les qualités essentielles pour faire ce travail sont un état d’esprit positif, une personnalité sociable et une
connaissance de base du lieu et de quelques personnes clés de la ville.
7) MAIS je n’ai pas l’énergie pour faire ça.
« Tout ce que vous pouvez faire ou rêvez de faire, commencez-le ».
Entreprendre une initiative de transition peut sembler impressionnant et colossal. En fait, l’audace de commencer quelque chose génère l’énergie suffisante pour avancer, des personnes arrivent et
se joignent au mouvement, des motivations se révèlent.
Troisième partie : les 12 étapes
Les 12 étapes ont été définies d’après ce qui semble marcher le mieux. Il est possible de les modifier un peu mais l’expérience montre qu’il vaut mieux éviter de brûler les étapes si on souhaite
mener le projet à bien.
1) Mettre en place un groupe de pilotage et planifier sa dissolution, dès le départ.
Il s’agit de mettre en place une équipe de base pour piloter le projet durant les premières phases. Son rôle est de mener les étapes deux à cinq.
2) Sensibilisation
Pour qu’un véritable plan de décroissance énergétique évolue, les participants doivent avoir conscience des effets potentiels du pic pétrolier et du changement climatique, ainsi que de la
nécessité d’accroître la résilience du territoire et de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cette étape consiste à faire ce travail de sensibilisation des différents acteurs du
territoire, d’identifier ceux qui sont les plus sensibles à cette thématique et de tisser un réseau.
3) Jeter les fondations
Mettre en réseau les groupes et militants existants, leur montrer que l’initiative de transition est destinée à incorporer leurs efforts passés et futurs. Fédérer les énergies.
4) Organiser un grand déchaînement
Cette étape consiste à créer un évènement mémorable qui marque le « passage à l’âge adulte » du projet.
5) Former des groupes de travail
Une partie du processus de développement d’un Plan d’Action de Décroissance Energétique est à puiser dans le génie collectif de la commune. Pour cela, on crée des groupes plus petits qui se
concentrent sur des aspects spécifiques du processus (alimentation, déchets, énergie, éducation…). Chaque groupe développera ses façons de travailler et ses propres activités, tout en
restant en lien avec le projet dans son ensemble.
Ces différents groupes de travail constituent l’épine dorsale d’un plan d’action.
6) Utiliser des forums ouverts
Le principe du forum ouvert est qu’un grand groupe de personnes se réunit pour explorer un sujet particulier, sans ordre du jour, sans coordinateur, sans agenda désigné et sans preneur de notes.
7) Développer des manifestations pratiques et visibles de votre projet
Il est essentiel d’éviter que le projet apparaisse seulement comme une « boutique à palabres ». Pour cela, il est indispensable d’organiser des manifestations visibles et concrètes.
8) Stimuler la grande requalification
Diminuer la consommation d’énergie et relocaliser suppose d’inverser le mouvement de « déqualification » actuel en se réappropriant les savoirs-faire des anciens. D’où le nom de « requalification ».
Réparations, cuisine, construction naturelle, teinture, jardinage, cueillette de plantes sauvages, etc. Cette requalification est aussi un moyen pour chacun de (re)prendre confiance en ses
propres capacités.
9) Créer un pont avec la municipalité
Prendre contact avec la municipalité, cultiver des relations positives avec ses membres. Ne pas croire qu’elle sera forcément hostile, au contraire. L’augmentation des prix des produits
pétroliers est une réalité. Il se pourrait qu’une municipalité prévoyante soit très intéressée par un plan d’action de descente énergétique.
10) Honorer les anciens
Pour envisager une vie avec une consommation d’énergie beaucoup moins importante que celle d’aujourd’hui, on peut aller voir du côté des personnes qui vivaient avant les trente glorieuses. Cela
ne signifie pas que l’on envisage la transition comme un retour en arrière mais simplement que l’on peut s’inspirer de la manière de vivre des anciens.
11) Laisser aller où cela veut aller
Même si le groupe initial donne une direction, le projet partira probablement dans un sens un peu différent. Ce n’est pas grave. L’important est de donner une impulsion, une énergie et de
l’accompagner ensuite. Tant que le projet suit les principaux objectifs (résilience, diminution de la consommation d’énergie…) tout va bien.
12) Créer un Plan de Descente Energétique
Chaque groupe de travail aura déjà orienté son travail vers des actions pratiques pour accroître la résilience de la commune et réduire son bilan carbone. Mises ensemble, ces mesures forment un
Plan d’Action de Descente Energétique (PADE).
Quatrième partie : élaborer un plan de descente énergétique
1) Evaluer les ressources locales : rassembler des informations sur les ressources de la commune. Terres arables, transports, santé, énergies renouvelables, capacités de
fabrication de textiles, matériaux de construction, etc.
2) Imaginer une vision globale concernant la commune. A quoi ressemblera-t-elle dans vingt ans si nous réduisons drastiquement notre consommation d’énergie non renouvelable, si
nous émettons beaucoup moins de CO2, si nous sommes sur la bonne voie pour rendre le territoire résilient ?
3) Rétroplanning détaillé : un groupe de travail dresse une liste chronologique des étapes, les préalables, les activités, les processus qui doivent être mis en place. C’est le
moment de définir des indicateurs de résilience qui indiqueront si le travail se fait efficacement.
4) Obtenir le Plan Local d’Urbanisme. Le PADE doit tenir compte de ce qui a été décidé par les élus.
5) Les Contes de la Transition : le groupe des Contes de la Transition rédige des articles, des histoires, des images et des représentations de la vision globale (point 2), des
moyens d’y parvenir et de ce qui pourrait se produire en cours de route.
6) Créer la première mouture du PADE : fusionner le tableau d’ensemble et les contes de la transition. en un seul ensemble cohérent. Diffuser auprès de tous les participants pour
réexamen et consultation.
7) Finaliser le PADE : intégrer les retours de tous dans le PADE. Il est possible que ce document ne soit jamais « définitif » mais qu’il soit régulièrement mis à jour et amélioré,
lorsque de nouvelles idées émergeront.
Cette présentation est un shéma global. D’un groupe à un autre, en fonction du territoire et des participants, il pourra y avoir des variations.
Pour consulter le document complet : guide des initiatives de transition
J’adhère ! Si nous avons une chance de nous en sortir, c’est maintenant qu’il faut la saisir. Il faut préparer les esprits aux enjeux énergétiques et au réchauffement climatique car effectivement, la chute de la société pourrait être brutale. C’est bien sûr, collectivement que nous pourrons nous en sortir.